Mercredi 3 avril, il est temps de rejoindre Panama….

Départ à l’aube, 6h30, pour attraper le vent prévu avant qu’il ne tombe. Nous passons une petite zone sans vent au moteur, puis la nuit est tonique, avec 20-25 nds.
Navigation au largue, par houle et vagues de 2-3 mètres, nous passons au milieu de l’archipel des Caïmans avant d’aborder une zone de cayos (nous on dirait des cailloux), récifs coralliens affleurant ou nettement émergés, il faut rester vigilant dans la nuit du 6 au 7 avril ; sur la carte, des icônes d’épaves rappellent que c’est par les naufrages que la position exacte des récifs, qui émergent de fonds atteignant les 3 ou 4000 mètres dans les parages, a pu être fixée. Et des pensées pour tous ceux qui ont été projetés par le vent et les vagues sur ces cailloux aussi inhospitaliers dans la réalité que paradisiaques sur les cartes postales.
» An neb na zent ket ouzh ar stur ouzh ar garrek a raio sur « . Celui qui n’obéit pas à la barre obéira à la roche. Proverbe breton que Tromelin, dessalé par un vieux marin de la baie de Morlaix, avait fait sienne, comme nous le rappelle Irène Frain dans « Les naufragés de l’île Tromelin ».
Comme nous avons des instruments fiables et des cartes justes, nous passons sans stress à 1 mille à l’ouest de Serrano bank.
Dans la nuit du 8 au 9, Panama est proche, nous croisons plusieurs cargos et pétroliers dont deux en route de collision, qui changent leur cap pour passer à une distance suffisante de notre frêle esquif. Nous les remercions sur le canal 16, et nos remerciements sont appréciés.
La sortie du canal de Panama est encombrée d’une vingtaine de navires en attente, dans une zone d’où partent les quatre rails de navigation, avec les deux sens, donc huit couloirs de 10milles de long où nous ne nous aventurerons pas. Nous contournons toute cette zone par l’ouest pour virer l’immense brise lames et entrer dans la baie.
Après pile 6 jours de navigation, nous nous posons à Shelter Bay marina.
Après les habituelles formalités de clairance, un peu plus compliquées qu’ailleurs, nous prenons contact avec un agent qui préparera notre passage, prise de contact avec les autorités, réservation et négociation du passage, recrutement de trois handliners (il faut obligatoirement être cinq sur le bateau), fourniture des quatre aussières réglementaires, des huit grosses bouées qui protégeront le bateau.
Et nous profitons de l’escale pour faire quelques travaux d’amélioration du bord : une toile anti roulis sur la couchette bâbord du carré, des moustiquaires sur tous les panneaux et la descente. La vieille Singer a encore bien servi ! Et puis un coup d’œil sur le régulateur qui faisait des bruits bizarres. Dépose de l’engin, en essayant de ne pas se mettre trop dans l’eau, un petit crocodile passant par là à quelques mètres du bateau nous en dissuade assez facilement. Finalement c’est une bague à changer. Nous la commandons à Hydrovane, dont l’équipe a été parfaitement réactive même le dimanche! .

Et puis quelques courses à la zone franche de Colon, où l’on trouve presque tout mais c’est un endroit parfaitement sinistre. Nous n’aurons pas le loisir de visiter la ville elle-même, qui a plutôt mauvaise réputation.
Finalement notre passage est annoncé pour le 18 avril.
A la date dite, à 12 heures, trois gaillards, Mario, Luis et Jose, rejoignent Elusive Butterfly pour tenir le rôle de handliners / 22, 23 et 29 ans, à eux trois, ils ont déjà 5 enfants, ce que nous apprendrons plus tard.
A 13 heures, nous sommes au mouillage d’attente à la position indiquée par notre agent Erick. A 15h 45, l’advisor ( le pilote ) monte à bord : c’est lui qui donne les ordres, à droite, à gauche, plus vite, on ralentit ..
Nous passons sous le nouvezu pont suspendu en construction.
17 heures, première écluse. Et première épreuve pour l’équipage : attraper les toulines, lancées depuis la terre par des pros qui visent assez bien, même si parfois elles atterrissent un peu brutalement sur le pont du bateau (nous avions pris la précaution de protéger les panneaux solaires, mais il n’y a pas eu de casse). Et y attacher les amarres pour que les lamaneurs puissent amarrer le bateau, deux à l’avant, deux à l’arrière. Nous entrons dans l’écluse derrière un cargo et un remorqueur.
Puis la porte se ferme côté Atlantique….
Nous sommes seul voilier à passer, donc au milieu de l’écluse. Grosses marmites dans l’écluse dont les 320 mètres par 33 se remplissent à grande vitesse : 100.000 tonnes d’eau en 8 minutes! Mais nous sommes bien attachés ! Les trois écluses montantes étant contiguës, les lamaneurs nous accompagnent sans avoir à relancer les toulines. Et nous arrivons avant la nuit sur le lac Gatun. Dîner avec Mario, Luis et José qui resteront dormir sur le bateau. Le pilote est descendu à terre.
Le lendemain matin, après une baignade rapide (on ne joue quand même pas trop avec les crocodiles…) et à l’arrivée du nouveau pilote, nous quittons la bouée pour traverser le lac Gatun, une trentaine de milles avant les écluses descendantes. Le trajet est précis, et nous devons suivre la feuille de route selon les instructions du pilote. Plus vite, moins vite, stand by pour laisser passer un gros cargo, redémarrer.
Arrivée à 13h à l’écluse de Pedro Miguel. Encore les toulines… tout se passe bien et nous descendons en douceur, sans remous. Les deux écluses de Miraflores se passent sans encombre, avec des spectateurs…
Et les portes s’ouvrent côte Pacifique!
Pour finir, assez confortable pour les habitués que nous avons été de l’écluse d’Arzal et son agitation du dimanche soir !
Si le Pacifique s’ouvre à nous, il est encore un peu encombré !
Le pilote et les hanliners débarquent à Balboa, nous restituons les aussières et défenses et rejoignons la marina de Flamenco où nous devons récupérer nos pièces de rechange du régulateur.
Demain, si tout va bien, nous partons pour 40 à 50 jours de mer…
plein d’admiration et un peu d’envie !
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plein d’admiration et un peu d’envie ! bravo pour ce reportage superbement ditb
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Ce « Pont de l’Atlantique » est une audacieuse oeuvre française du groupe Vinci..!
Vous voilà fin prêts pour faire le canal du Midi et ses 63 écluses…
Bon vent, bonne mer, et saluez Brel et Gauguin, ils sont voisins..
JLoic
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Totalement d’accord avec Marylise. Bonne traversée
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Pont construit par Vinci Construction …..projet sur le quel a travaillé mon mari Didier pendant 3 ans 😉
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Le Pacifique est à vous !
Impatient de vous retrouver dans 40 à 50 jours
Eric
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