De Lisbonne à Madère

Cette fois nous n’avons pas embouqué le fleuve, ayant été prévenus que les marinas qui le bordent jusqu’à Lisbonne étaient bien encombrées. Nous avons donc passé ces quelques jours à Cascais, à l’embouchure du Tage, et à une quarantaine de minutes du centre de Lisbonne par le train.

Michel et Evy, marins chevronnés et aguerris, nous rejoignent pour la traversée. Avitaillement fait, nous décidons de partir dès le lendemain matin pour passer avant la dépression qui, partie du large du Maroc, monte assez vite vers le Nord Ouest et risque de nous contrarier à mi-chemin. Les conditions s’annoncent  assez musclées mais attendre pour se traîner au moteur pendant deux ou trois jours ne nous tente pas vraiment…

Nous avions prévu une traversée tranquille de 4 à 5 jours. Eh bien ! ce sera finalement à peine plus de 3 jours !

Départ mardi en fin de matinée avec 12 noeuds de vent, montant rapidement à 20 noeuds puis avec des rafales à plus de 30 noeuds. Nous réduisons la grand voile de moitié et établissons la trinquette sur étai largable. La trinquette ! Nous l’avons bien méritée, car la voile que nous avions fait fabriquer un an auparavant était trop grande. Elle a été reprise, mais s’ébrouait au près. Elle a enfin été entièrement refaite par la voilerie. Heureusement, nous nous y étions pris à l’avance !

Le rodéo commence, avec des creux de 4 mètres, qui atteindrons 5 à 6 mètres à la fin du deuxième jour. Quelques vagues vicieuses provoquent des embardées que le régulateur d’allure peine parfois à contrôler. Nous préférons alors barrer. La faculté d’anticipation du marin dans les vagues est encore une valeur sûre ! Dans ces conditions on s’en tient à l’essentiel : manger – préparer les repas est un exercice assez acrobatique – , dormir -pas très bien-, surveiller la météo et la marche du bateau, qui progresse vaillamment à la moyenne de 7 noeuds.

Mêmes conditions le jeudi, distance parcourue en 24 heures : 165 milles nautiques. Pas si mal compte tenu de l’état de la mer…

Vendredi matin, quelques dauphins nous accompagnent, le vent faiblit un peu puis mollit franchement quand nous mouillons l’ancre devant la plage de Vila Baleira à Porto Santo, l’île de l’archipel se situant à environ 25 milles nautiques au Nord Est de Madère.

Plage de sable, eau claire à 23°, nous y restons la nuit non sans être allés, en un tour de kayak, effectuer les formalités d’entrée auprès des autorités locales.

Le lendemain matin, les conditions nous paraissent idéales pour perfectionner nos techniques de remontée d’homme à la mer. Jean-Yves dans l’eau, Marie à la manœuvre, et avec les conseils avisés de Michel, remontée du naufragé volontaire sur le palan d’écoute de grand voile, la bôme étant déportée vers l’extérieur. Puis Marie saute à l’eau et remonte par le franc-bord (presque) toute seule. Une raie aigle vient saluer nos exploits en volant majestueusement à deux mètres sous le bateau.

Le vent forcit en début d’après-midi, avec des rafales dévalant les reliefs de cette petite île volcanique, et nous allons nous mettre à l’abri au port. La place au ponton n’est pas très large et notre arrivée est un peu acrobatique mais pas de casse. Très bon accueil au bureau du port, d’autant que nous étions venus la veille depuis notre mouillage, ce que, paraît-il, tout le monde ne fait pas.

Visite de Porto Santo le lendemain, le temps de trouver une explication à l’existence d’une immense plage de sable blanc sur une île volcanique : c’est du sable du Sahara, transporté par le vent, sédimenté depuis des millénaires, et qui s’érode progressivement.

Le sable saharien stratifié
Le « sablier » : monumental!
Michel et Evy, vue sur le port

Lundi nous partons vers Madère pour quelques heures de navigation avec un petit vent de Nord de force 3 ( 10 noeuds de vent). Les autochtones  et les habitués nous préviennent : le vent forcit généralement autour de Madère, l’air bloqué par un relief culminant à plus de 1800 mètres doit s’écouler et accélère sur les côtés. C’est juste le même principe que l’eau butant sur un caillou en plein courant. Nous n’avons pas été déçus : des claques de 40 à 45 noeuds (9 beaufort) nous cueillent au passage de la pointe Sao Lorenzo. Et nous avions gardé le génois. Michel tient bon la barre, imperturbable mais concentré…

En contrepartie, un phénomène de contre courant : le vent faiblit derrière l’ile et devient quasi nul à l’abri. Nous finissons au moteur jusqu’à Funchal.

A Funchal il y a peu de places pour les bateaux de passage, une douzaine tout au plus. Un nouveau bassin a bien été aménagé il y a peu mais, curieusement, on ne peut pas y aller, même si les grands catamarans touristiques y laissent encore des emplacements disponibles.

Nous sommes invités à nous amarrer à couple d’un vieux gréement local, près de l’entrée du port. Manœuvre prudente et fluide de Marie, accostage parfait.

Visite de Madère. Île luxuriante, animée, colorée, escarpée, contrastée. Son principal atout est l’absence de plages de sable fin, qui la met (un peu) à l’abri d’une fréquentation excessive. Pas toujours : le petit port de Camara do Lobos, où Churchill avait séjourné pour écrire ses mémoires, vient d’être affublé d’une barre de béton qui rompt le charme…

L’à-pic de 500 mètres au dessus de la mer au cabo Girao reste très impressionnant !

Il faut maintenant rejoindre la marina de Quinta do Lorde où le bateau nous attendra jusqu’à la fin novembre.

Après un bord tiré près des Ilas desertas par un vent de Nord Est 5 B, nous sommes accueillis par le marineiro à l’extérieur du port. Petit imprévu : le moteur ne crache plus d’eau de refroidissement. Alors il chauffe… Arrivée pas du tout triomphale, tirés par le petit zodiac du port.

Excellent accueil par Joana Aguiar, qui parle parfaitement français, et toute l’équipe du port. Et visite à Olivier Perroz, le shipshandler : il était, il y a quelques années, chef du port du Légué …. à Saint Brieuc.

Quinta do Lorde est un vrai village de vacances. N’attendez pas, si vous vous y rendez, à y plonger dans la vie locale. Le strict nécessaire est prévu : un ship, une machine à laver, une petite épicerie, un bar restaurant. Le personnel du port est en nombre. Pour laisser le bateau pendant trois mois et demi l’esprit tranquille, c’est parfait !

E uma cerveja fresca !

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